Houx, c'est toute une histoire

Patrimoine

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Publié le 03/06/2024

Territoire

Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire… de Houx !

L'église

Elle comprend une base romane, mais a été modifiée à différentes époques (XIIIe, XIVe et XVe siècles), comme le montre la variété des fenêtres. Bien restaurée, elle est reconnaissable à son charmant clocher, à droite du pignon central, recouvert de bardeaux de bois. La nef est couverte d'une voute ancienne en lambris. Deux peintures de style populaire (probablement vers 1700), de chaque côté de l'autel, figurent l'évêque saint Léger, et saint Fiacre, protecteur des jardiniers que l'on fêtait chaque 30 août. L'église comprend aussi d'intéressants vitraux contemporains.

La chapelle Saint-Mamert

Le petit édifice, situé dans un hameau au nord de la commune, adopte un plan circulaire dont on ne connait que de (très) rares exemples sur le territoire français. Au sud-est, une petite abside, épaulée de contrefort en pierre, présentait trois fenêtres. Jusqu'au XXe siècle, un pèlerinage, très fréquenté, dont on espérait aussi des guérisons, avait lieu le lundi de Pâques. Cette date, liée à la résurrection du Christ, pourrait confirmer que la forme du sanctuaire est bien inspirée du Saint-Sépulcre de Jérusalem, à une époque où croisés et pèlerins redécouvrent la Terre Sainte.

Nous avons pu identifier cette chapelle d'Houdrepont (Hidulphi Ponte), dans une charte de donation datée de 1114, par laquelle Payen de Hanches confie le lieu à la prestigieuse abbaye de Marmoutier (Tours). Plusieurs indices semblent indiquer que la construction du bâtiment remonte à cette période. Située dans un jardin, c'est une chapelle privée dont les propriétaires sont attachés à ce qu'elle demeure consacrée au culte.

Zooms

L'arcature de la porte, déplacée vers 1945, ce qui a entraîné le déclassement monument historique de la chapelle, est un bel exemple d'art roman. On y trouve un décor de fleurs stylisées à quatre pétales, au bord godronné, et une archivolte à motif de damier (en partie moderne). La charpente apparente est marquée « 1 584 ».

Les moulins

Deux moulins à eau, sur le cours de la Voise et celui du canal latéral, sont encore visibles : côté est, celui des Grès, et côté ouest, celui du Chemin Blanc. Ce dernier, restauré avec goût, forme un grand bâtiment, placé en perpendiculaire de la rivière. Si l'essentiel des murs semble remonter aux XVIIe/XVIIIe siècles, le prolongement en brique, destiné à abriter la roue à aubes, a été rajouté au XIXe siècle. En bordure de plateau, surplombant le village, un moulin à vent en pierre a été édifié peu après la Révolution. Il en reste les murs, qui ne sont que partiellement effondrés.

La ferme seigneuriale

C'est l'ancien manoir, dont on sait qu'il était entouré de douves. Demeure de la famille de Houx (XIIIe s.), puis de celle de Cintray (XIVe-XVe s.), le manoir est entré dans les biens des Champrond (XVIIe s.) puis des Fleuriau d'Armenonville (ministres au XVIIIe s.). L'entrée de la grande cour rectangulaire forme un bel ensemble porte chariot / porte piéton, qui fait partie des plus anciens éléments conservés (fin du Moyen Âge).

Mais aussi...

Les caves anciennes, creusées dans le coteau. Les nombreux murs en bauge. La « bergerie », ancienne ferme aujourd'hui chambres d'hôtes. La diversité botanique, avec la présence remarquable de plusieurs espèces d'orchidées sauvages, sur les coteaux crayeux. Au cimetière, la tombe de l'artiste écossais Tony Valentine.

Mémoire(s) : les voies navigables du canal de l'Eure

D'agréables chemins pédestres suivent la rivière au fond de cette plaine alluviale de la Voise, où l'on trouve à la fois prés et peupleraies. En réalité, il ne s'agit pas du cours d'eau naturel (qui coule un peu plus loin) mais d'un lit artificiel, dont le fond est profond et le débit régularisé. Le grand projet du canal de l'Eure, destiné à alimenter en eau le Château de Versailles, a donné lieu à d'importants travaux d'aménagements logistiques pour l'approvisionnement en matériaux du chantier de l'aqueduc, situé à Maintenon.

C'est ainsi que Vauban, maître d'œuvre, a préconisé la création de plusieurs canaux utilisables par des barges qu'il appelait « cabotières », chacune ayant une capacité de charge de 25 tonnes. Le « canal de Gallardon », long de 12 km et réalisé en 1684, permettait de desservir des carrières situées à Germonval et aux alentours (sable, blocs calcaires, chaux hydraulique). Il comprenait quatre écluses, longues de « 20 toises » (39 mètres), qui rattrapaient une déclivité d'une dizaine de mètres. Les restes de l'une d'elle se situent en amont du Moulin du Chemin Blanc.

Tradition et modernité : les ateliers des tapissiers Plasse - Le Caisne

Jacques Plasse et Laure (dite Bilou) Le Caisne (1901-2002/1911-2000) se forment dès les années 1930 aux différentes techniques du tissage à la main, auprès d'artisans de la région lyonnaise, tout en fréquentant des cercles artistiques d'avant-garde. Passionnés des métiers à tisser, ils rassemblent à Houx, où ils s'installent dès 1936, une rare collection artisanale, tout en explorant les possibilités immenses (graphismes, textiles, types de points) offertes par le croisement des procédés traditionnels.

Dans leur atelier de « rue de la mairie », ils réalisent dès 1953 de grandes tapisseries à partir des maquettes fournies par certains des plus grands peintres de cette période : Roger Bissière, Jean Le Moal, Georges Rouault, Jacques Villon et surtout Alfred Manessier, avec lequel ils nouent une longue amitié. Les échanges permanents avec les artistes nourrissent alors une réalisation « sensible », qui n'est jamais la transposition plate du carton.