Jouy, c'est toute une histoire

Patrimoine

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Publié le 02/07/2024

Patrimoine - Territoire

Jouy, c'est toute une histoire

Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire… de Jouy !

L’église Saint-Cyr Sainte-Julitte

Cette église comprend deux parties, l'une romane, l'autre gothique. L'abside du sanctuaire, dont les contreforts et fenêtres sont réalisés en pierre brune de grison, date du XIIe siècle. Au début du XIIIe siècle, on élève la partie donnant sur la place principale, comprenant la façade ainsi que les trois premières travées, édifiées en calcaire de Beauce.

Zooms

Le portail (vers 1210-1215) a été conçu par une équipe qui avait travaillé au chantier de la cathédrale de Chartres, à la demande des mêmes commanditaires, les chanoines du Chapitre Notre-Dame, détenteurs de la paroisse. En forme d'arc brisé, il présente de belles voussures sans décor ainsi que quatre élégants chapiteaux à feuillage reposant sur des colonnettes. Sur le sol, on découvre la belle pierre tombale de Jacques de Chartres, seigneur de Jouy entre 1624 et son décès en 1652. C'est sa sœur Anne qui fait entrer la seigneurie aux mains de la famille Lenoir, qui la conserve jusqu'à la Révolution.

Les moulins de Jouy

Depuis des temps immémoriaux, les grandes institutions religieuses disposaient d'importants moulins sur le cours de l'Eure. Trois d'entre eux existent encore. Le moulin de Chardon et le moulin de la Bussière forment de belles propriétés privées, conservant chacune d'importants éléments du mécanisme qui était encore en place à l'époque des derniers meuniers. Le moulin de Lambouray occupe un site pittoresque, bien visible depuis une passerelle sur la rivière. Comprenant des bâtiments de diverses époques, restauré en 1996, il a été racheté par la municipalité qui le loue pour des réceptions.

L’hôtel-restaurant La Providence

Il reste le bâtiment de cet établissement qui a marqué le paysage gastronomique de la région. Fondé dans les années 1860 au centre du village par les époux Lochon-Hoyau, le restaurant fait d'abord figure « d'auberge de campagne », avant d'être repris par le couple Coudray. Quand leur gendre, Georges Delaunay, ancien directeur des cuisines de l'Élysée Palace Hôtel finit par s'installer aux fourneaux, il en fait une table réputée, courue des industriels, hommes politiques, stars du grand écran et amateurs de gastronomie, jusqu'à décrocher en 1933 deux étoiles Michelin. Dans le livre d'or, on découvre ainsi les dédicaces et signatures de (très) nombreuses personnalités : des grands écrivains (Anatole France, Roland Dorgelès, Paul Claudel, Françoise Sagan), des monstres sacrés du cinéma (Gene Kelly, Ingrid Bergman) et des dirigeants de pays étrangers, comme le président américain Harry Truman.

Mais aussi...

La ligne de chemin de fer est l'une des plus anciennes de France. Le secteur de Jouy a nécessité des terrassements, ainsi que la construction de murs maçonnés et de plusieurs ponts, en 1845.

Les bords de l'Eure peuvent être parcourus au sud de la commune sur les tronçons du Plan vert de Chartres métropole. La promenade vaut le coup. En plus des prés ou paissent les vaches, vous verrez une ancienne passerelle en pierre. Plusieurs lavoirs anciens sont encore visibles dans le bourg.

L'ancien château des seigneurs de Jouy (XVIIIe-XIXe siècles) est situé avenue des Parigaudes. Un ancien colombier est attenant.

D'importantes marnières (XIXe siècle) forment des galeries souterraines, creusées à la fois sur le coteau Est et le coteau Ouest.

Mémoire(s) : le parchemin du British Museum, un document "fondateur"

Les documents manuscrits remontant au IXe siècle sont d'une extrême rareté. C'est pourtant un acte de 889, émanant du roi de France Eudes (888-898), ancêtre des Capétiens, dont un exemplaire original portant le sceau royal est aujourd'hui conservé en Angleterre, qui signe l'entrée de Jouy dans l'histoire écrite. Le souverain y remet à son fidèle, Ricbodon, un ensemble de trente « manses » autour d'une terre « seigneuriale », située au village de « Gaugiacum » (le plus ancien nom de Jouy), sur les bords de la rivière d'Eure. Au XIIIe siècle, d'autres parchemins attestent de la présence d'un hameau habité par des lépreux, dont le nom apparaît dans la rue de la Maladrerie.

Tradition : un musée des métiers, coutumes et modes de vie d'antan

À son ouverture en 1985, ce musée présente les collections personnelles d'un habitant de Jouy, Charles Marcel-Robillard, remarquable connaisseur du « folklore de la Beauce », auquel il consacre treize volumes qui font référence. D'autres habitants ont offert, en plus de documents relatifs à l'histoire de la commune, des objets typiques des anciennes pratiques retrouvés dans leurs greniers illustrant le travail des champs (labour, moisson, vannage), l'apiculture (ruche), la pêche (nasse), la culture de la vigne, très présente autrefois à Jouy (scie de taille, hotte de récolte, fouloir…), et l'artisanat (tonnelier, cordonnier, sabotier, bourrelier, forgeron…). L'ensemble forme à l'évidence la plus belle collection de la région (environ 1 000 pièces) pour qui veut se renseigner sur la vie quotidienne de nos ancêtres paysans.