Trame nuit : les hiboux sont chouettes !
Responsable
-Publié le 26/10/2024
Biodiversité
L'enjeu de la Trame nuit est de réduire ou supprimer la pollution lumineuse nocturne pour préserver la biodiversité.
Pour affiner ce dispositif, un inventaire de la faune nocturne a été mené. Zoom aujourd'hui sur ces oiseaux qui hululent près de chez vous : les rapaces nocturnes.
En France, on compte neuf espèces de rapaces nocturnes, dont quatre sillonnent régulièrement le département et une plus rarement (le hibou des marais – Asio flammeus).
Chouettes et hiboux disposent d'une ouïe perfectionnée qui capte les sons, et d'un disque facial qui renvoie les sons captés vers la cavité auditive. Ils sont dotés d'un bec crochu, de serres acérées, d'yeux dirigés vers l'avant, mais surtout de quatorze vertèbres cervicales qui leur permettent de tourner la tête à plus de 300 degrés. Des adaptations morphologiques qui en font de redoutables prédateurs : qu'ils soient diurnes ou nocturnes, les rapaces jouent un rôle de régulateur face aux mulots, campagnols, musaraignes et autres petits mammifères.
Quatre espèces dans l'agglo
Ce groupe a été inventorié dans le cadre de l'étude de la Trame Nuit de Chartres métropole, ces espèces étant plus ou moins sensibles à la pollution lumineuse nocturne. Le travail des spécialistes a été complété par les observations précieuses de bénévoles.
La chevêche d'Athéna (Athene noctua) et la chouette effraie (Tyto alba) se rencontrent plus facilement que le hibou moyen-duc (Asio otus) et la chouette hulotte (Strix aluco). La chouette effraie et la chevêche d'Athéna affectionnent en effet les milieux ouverts (agricoles), contrairement au hibou moyen-duc et à la chouette hulotte qui se réfugient plutôt dans les milieux boisés (forêts, bocages, boisements…).
En outre, les recherches montrent que les deux premières sont probablement moins sensibles à la pollution lumineuse que les deux autres. Aussi, il n'est pas rare de voir au crépuscule « la dame blanche » (l'effraie des clochers) voler près des zones urbanisées, voire même au cœur des villes et villages.
Les milieux de vie
Les espèces vivant dans les milieux boisés effectuent l'essentiel de leur cycle de vie au même endroit : elles s'y nourrissent, se reproduisent, nichent, élèvent leurs petits…
La chouette hulotte, au plumage similaire aux troncs d'arbres, fait preuve d'un réel mimétisme pour s'y camoufler. Tout comme le hibou moyen-duc, elle aime se lover dans les cavités. Il est donc important de préserver les arbres creux et de planter des haies et vergers. D'autres préfèrent se loger dans nos bâtiments, comme la chouette effraie. Il est préférable de laisser quelques interstices sur les maisons, dépendances, églises, longères ou hangars lorsque cela est possible.
Malheureusement, il n'est pas rare de la retrouver sans vie en bord de route : cette chasseuse aime sillonner à ras le long des fossés pour débusquer un repas à se mettre sous le bec. Pour éviter de la percuter en voiture, modérez votre allure, surtout lorsque vous circulez sur une voie rapide entre deux villes. Rouler moins vite la nuit limite d'ailleurs le risque de collision avec un grand nombre d'animaux comme les amphibiens et les hérissons, espèces protégées partout en France.
La chevêche d'Athéna aime se désaltérer dans les abreuvoirs à bétails lorsqu'elle arpente les milieux agricoles… au risque de s'y noyer. Ajouter des systèmes d'échappatoires directement dans l'abreuvoir peut limiter les dégâts. Cette chouette territoriale est capable de trouver logis dans un grand nombre de milieux, y compris des milieux aménagés tels que des vergers ou encore de vieux saules têtards, comme on trouve le long du Plan Vert de Chartres métropole.
Chouette ou hibou ?
Les hiboux se distinguent des chouettes par deux petites touffes de plumes (aigrettes) situées sur la tête.
Protection
Les rapaces nocturnes sont tous protégés à l'échelle Nationale (Article.3 de l'arrêté du 29 octobre 2009). En Région Centre Val-de-Loire, deux espèces possèdent un statut de préoccupation mineure (la chouette hulotte et le hibou moyen-duc), tandis que la chevêche d'Athéna et la chouette effraie possèdent le statut d'espèce quasi-menacée.
Niveau rareté, la chouette effraie et la chouette hulotte sont dites « communes » tandis que le hibou moyen-duc et la chevêche d'Athéna sont plutôt « assez communes ».