Trame nuit : du poil de la bête

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Publié le 22/11/2024

Biodiversité

Cerf élaphe 10 cors. (photo : Damien Rouger)

L'enjeu de la Trame nuit est de réduire ou supprimer la pollution lumineuse nocturne pour préserver la biodiversité.

Pour affiner ce dispositif, un inventaire de la faune nocturne a été mené. Zoom aujourd'hui sur quelques mammifères recensés dans notre territoire
dans le cadre de cette étude.


Qu'ils soient diurnes, nocturnes, ou actifs le jour et la nuit, les mammifères s'épanouissent dans de nombreux milieux : cours d'eaux, mares, boisements, bosquets, chemins, bords de routes, champs et prairies, jardins... Autant d'habitats qui font le bonheur des plus petits, tels les rongeurs (campagnol, souris, lapin, lièvre…), comme des plus grands, tels les cervidés (chevreuil, cerf…).

C'est le jour ou la nuit

Si certains petits mammifères ne sont pas gênés par la lumière, ce n'est pas le cas du hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus). Actif la nuit, il affectionne aussi bien les prairies que les forêts claires, mais aussi les jardins des zones plus urbaines, où il se nourrit de vers de terre, insectes, petits invertébrés, voire de végétaux ou de champignons.

L'écureuil roux (Sciurus vulgaris) est quant à lui actif essentiellement le jour, du printemps à l'automne. On le trouve aussi bien dans les forêts de feuillus que de conifères. Très agile pour se déplacer sur la cime des arbres, il foule la terre ferme pour s'alimenter et chercher des éléments pour construire son nid. Ce petit rongeur est présent le long de la vallée de l'Eure (de Saint-Georges-sur-Eure à Maintenon), mais aussi le long des corridors écologiques secondaires de la sous-trame forestière (Sours, Nogent-le-Phaye, Houville-la-Branche, Gasville-Oisème...). Il n'est pas rare de le voir en ville, dans les jardins arborés.

La fouine (Martes foina) est un prédateur nocturne. On la rencontre aussi bien dans les champs cultivés, les forêts de feuillus et les zones rocheuses, qu'en milieu urbain. Dans l'Agglomération, cette espèce commune est présente dans le bois de Bailleau-L'Evêque, dans la ceinture urbaine ou le long des routes vers Maintenon.

Espèce de blaireau

Le blaireau d'Europe (Meles meles), prédateur nocturne sensible à la lumière, vit aussi bien dans les forêts de feuillus que dans les milieux ouverts comme les prairies. Le jour, il vit dans son terrier, parfois partagé avec un renard. Il adapte son rythme aux saisons, aux conditions climatiques, à la disponibilité alimentaire, se nourrissant d'insectes, de petits mammifères, de céréales, de fruits et légumes. Il est présent dans le territoire de Chartres métropole, mais moins que dans le Perche.

Sur les cervidés, l'impact de la pollution lumineuse est réel. Les grands mammifères comme le chevreuil (Capreolus capreolus) sont présents sur la quasi-totalité du territoire de Chartres métropole. L'hiver, le chevreuil peut parcourir environ 20 hectares en milieu forestier, et plus de 100 hectares l'été en milieu agricole pour se nourrir, se reproduire et se reposer. Il est sensible à la pollution lumineuse, notamment celle des routes en bordure des espaces boisés. Les routes éclairées constituent ce que l'on appelle des « éléments fragmentant », des obstacles : chevreuils, mais aussi cerfs, hésitent à les traverser. Cette lumière artificielle les restreint donc dans leur mobilité, ce qui limite leur accès à la nourriture et perturbe leur rythme de vie (sommeil, temps d'activité).

Afin de pallier à ses points de conflits, créer des passages pour faciliter la circulation de l'ensemble des mammifères qui doivent emprunter nos axes routiers est une solution.

Protection

Comme les chauves-souris, l'écureuil roux et le hérisson d'Europe sont des espèces protégées au niveau national.

Prévention

Voir des fouines, des blaireaux et même des rapaces nocturnes morts sur le bord des routes, victimes de collisions avec des véhicules, n'est pas rare. Ces animaux actifs la nuit empruntent les mêmes axes que nous pour circuler. Pour ne pas entraver les déplacements des espèces à travers les corridors écologiques, il est nécessaire de favoriser des zones de contournements. Implanter des dispositifs de piquets réflecteurs anti-gibiers, capables de réduire les collisions avec le gros gibier de près de 80% comme c'est le cas en Haute-Vienne, peut être une solution.