Trame nuit : et la lumière fuit
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-Publié le 27/09/2024
Biodiversité
L'enjeu de la Trame nuit est de réduire ou supprimer la pollution lumineuse nocturne pour préserver la biodiversité.
Pour affiner ce dispositif, un inventaire de la faune nocturne a été mené. Zoom aujourd'hui sur les chauves-souris, espèce très présente dans l'agglomération, et particulièrement sensible à la pollution lumineuse.
C'est notamment pour assurer la sauvegarde de cette espèce – qui bénéficie d'un statut de protection national – et celle de la faune nocturne tout entière que la Trame nuit a été lancée par les élus de Chartres métropole.
Les inventaires des chiroptères ont été réalisés de juin à août 2021, avec un pic fin juillet, début août, période où les femelles mettent bas puis élèvent leurs petits. Pour ce faire, les équipes de la direction du Patrimoine naturel de Chartres métropole ont notamment missionné un bureau d'étude chargé d'effectuer des écoutes sur le terrain.
Des boitiers ont été utilisés pour capter les fréquences émises par les chauves-souris. Ils ont enregistré les données de 117 points d'écoutes, répartis dans toutes les communes de l'Agglomération. Certains lieux très prisés des chiroptères, comme les cavités, les bords de cours d'eau et plans d'eau, les boisements, ou encore les ponts, ont fait l'objet d'une attention particulière.
Une espèce « parapluie »
Trente espèces de chauves-souris différentes sont recensées en région Centre-Val de Loire, dont une dizaine sont présentes sur le territoire de Chartres métropole. Certaines d'entre elles affectionnent les bâtiments (églises, immeubles, corps de ferme ouvrages d'art…), tandis que d'autres privilégient plutôt les zones boisées.
La chauve-souris est considérée comme une espèce dite « parapluie » : son domaine vital est assez large pour que sa protection assure celle des autres espèces végétales et animales peuplant le même territoire.
On ou off ?
Les Pipistrelles communes (Pipistrellus pipistrellus) vivent très bien aux côtés de l'Homme et semblent tolérer la lumière. Les lampadaires, qui attirent de nombreux insectes, leur servent de garde-manger, tel un piège attractif.
D'autres, comme le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii), le Grand Murin (Myotis myotis), la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus) ou encore l'Oreillard (Plecotus) sont dites « lucifuges » : elles fuient la lumière artificielle. Des lampadaires trop nombreux constituent pour elles de véritables barrières, ce qui impacte leur comportement et leurs zones de déplacement.
La Pipistrelle sur écoute
Sur la dizaine d'espèces de chauves-souris inventoriées dans l'Agglomération, l'une d'elle a été identifiée dans près de 90% des points d'écoute : la Pipistrelle commune (voir photo). Sa présence a pu être enregistrée à toute période de la nuit et dans tous types d'habitats, que ce soit en secteur urbain, au bord d'un cours d'eau, en zone boisée, aux abords de plaines cultivées, etc. Elle a souvent pu être observée en chasse dans des zones fortement éclairées, autour de points lumineux pour y attraper les insectes, ce qui montre sa tolérance à la lumière artificielle.
De leur côté, le Murin de Daubenton (représentant 15% des espèces de chiroptères inventoriées dans le territoire) et la Barbastelle d'Europe (5%) ont été majoritairement recensés dans les boisements et près des milieux aquatiques.
La Trame nuit de Chartres métropole a notamment pour objectif une restauration des corridors écologiques (zones de déplacements des espèces), par exemple en abaissant le niveau du halo lumineux qui émane des zones fortement artificialisées et le long de l'Eure.