Pascal Roderigue, brut de forge !

Sur le territoire

Publié le 17/09/2024

Territoire - Économie et emploi

Pascal Roderigue en train d'alimenter sa forge

Serrurier-métallier de métier, Pascal Roderigue a réalisé son rêve d’enfant : devenir fèvretaillandier-coutelier.

Une émouvante reconversion personnelle grâce à laquelle cet artisan d’art d’une autre trempe fusionne avec brio un savoir-faire ancestral et une spiritualité empreinte de mythes & légendes euréliennes.

Son regard bleu nuit est aussi perçant que les lames d’acier-carbone qu’il forge à la pleine lune, selon les rites celtiques et samouraïs. Avec sa croix templière tatouée sur le bras droit, nous pourrions l’écouter des heures tant cette passion communicative imprègne chacun de ses gestes, à la fois affutés et délicats, dans le maniement du marteau, de la pince comme du charbon ardent.

Son parcours ne laisse pas indifférent. En 2019, Pascal Roderigue est victime d’un burn-out qui, selon ses propres mots, le « laisse sur le carreau. Mon corps m’a lâché de la tête aux pieds ». Coup du destin, il décide de renouer avec ses rêves de gosse en suivant une formation diplômante en fèvre-taillanderie-coutellerie au sein de Metallica, prestigieux atelier du Tarn. Il y apprend un art qui « dépasse l’entendement ». S’ensuit la création d’une activité parallèle au nom taillé de toutes pièces : de Fer et de Feu.

Flamme intérieure

Amoureux de la cathédrale, Pascal Roderigue sigle chacune de ses oeuvres uniques d’un poinçon à l’image du labyrinthe. « Je le vois comme un chemin de vie avec une entrée, une sortie, et au coeur duquel trône une fleur à six pétales à la gloire de la Vierge Marie », s’enthousiasme ce mystique convaincu, féru d’histoire. Il réalise tout à la main, de la forge pure jusqu’à la confection des manches et des fourreaux en cuir ou en bois. Sa pratique assidue des arts martiaux lui a transmis le sens de la patience, de l’exigence, de la subtilité. Et le respect des traditions.

« Je me compare à un chef cuisinier qui ouvre un grimoire. Réaliser un couteau, c’est pareil. Je me lève à 4h du matin, je bois un thé. Puis j’allume mon feu à l’aide d’un briquet celte et d’un silex d’Alluyes. Je forge à l’eau de source de La Vieuville et à l’argile de Courville. Mon huile de colza est griffée Terre d’Eure-et-Loir. Et mes bois proviennent du cru : frêne, tulipier, cormier, noyer et cytise. »

En acier trempé

Travailleur handicapé, il dispose d’équipements adaptés, qui seront complétés cet automne par une fraiseuse et un polissoir destinés à la confection de 600 couteaux « pique-nique » correspondant à son entrée de gamme. Sur son site Internet (en cours de finalisation), vous pourrez aussi acheter couteaux de cuisine et de chasse premium et luxe. Ainsi que ses plus belles pièces de ferronnerie, puisque notre expert officie régulièrement pour les Bâtiments de France.

Fonceur né, Pascal Roderigue a de la suite dans les idées. Ses projets ? Des couteaux de table à l’effigie des flèches de la cathédrale et une épée.

Disponibles à la boutique d’artisans d’art LOCO à Chartres, ses réalisations seront bientôt visibles dans une autre échoppe d’art, rue du Soleil d’Or.

Une consécration hautement méritée : le don inné de Pascal Roderigue émerveille petits et grands. Muni de sa forge, permettant à chacun de confectionner sa lame comme à l’époque immémoriale des druides carnutes, il sera d’ailleurs en démonstration à la Fête des Vendanges de Saint-Brice (28 et 29 septembre), ainsi qu’à L’Artisanat C’Chartres (3 au 6 octobre). Et il remettra le couvert fin novembre à la Saint-André. « Il n’y a pas de secret, je ne suis pas magicien. »

Permettez-nous d’en douter.