Maintenon, c'est toute une histoire

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Publié le 10/12/2024

Maintenon, c'est toute une histoire

Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire de… Maintenon !

 

Le château

Ce joyau de la région fait le lien entre les châteaux de la Loire et ceux d'Île-de-France. De la forteresse médiévale demeure un important donjon (XIIIe siècle). Le logis principal, comprenant un châtelet d'entrée encadré de tourelles, et l'aile du côté est, bâtie sur arcades, forment un ensemble architectural très réussi, ou le blanc du calcaire le dispute à la brique, comme dans la cour intérieure. Il est édifié à partir de 1505 par le richissime intendant des finances Jean Cottereau. On y trouve tout l'esprit d'un édifice de villégiature de l'époque Louis XII. En 1686, une nouvelle aile, au-dessus de l'orangerie, relie l'édifice à l'église Saint Nicolas. Le XIXe siècle voit un important remaniement des façades, sur lesquelles sont rajoutés des décors qui mêlent styles gothique flamboyant et renaissance.

Zooms

Les appartements du XVIIe siècle, aménagés par Madame de Maintenon dans des pièces aux volumes intimes, comprennent encore certains revêtements d'origine – ainsi les beaux cuirs de Cordoue de l'antichambre - des peintures d'époque et des éléments mobiliers : notre coup de coeur est le spectaculaire lit d'apparat du maréchal de Noailles.

Les appartements du XIXe siècle correspondent à la volonté du duc Paul de Noailles (1885) de disposer d'appartements privés, dotés du confort moderne, mais aussi de pièces d'apparat prévues pour de fastueuses réceptions. L'enfilade comprend un grand salon, un billard, une bibliothèque aux meubles noirs incrustés de filets métalliques dorés. Elle finit par une grande « galerie des portraits », salle de bal où sont présentés, dans une riche ornementation stuquée et dorée, les personnages illustres (sur plus de huit-cents ans) de la prestigieuse lignée des Noailles.

L'aqueduc

Silhouette iconique et romantique qui clôture le parc, c'est l'un des projets – inachevés – parmi les plus démesurés de l'Histoire de France. L'architecture des ruines y joue avec la végétation, formant un étrange jardin suspendu.

Le parc de Versailles, à partir de l'installation de Louis XIV (1682) et l'installation des jeux d'eau, nécessite des ressources bien supérieures à celles proposées aux alentours. Les scientifiques prévoient de détourner une partie du cours de l'Eure sur plus de 80 km. Le tronçon le plus complexe est évidemment le passage de la vallée. L'ingénieur militaire Vauban s'y voit contraint, par le ministre Louvois et à la demande expresse du souverain, de construire un aqueduc « digne de la grandeur des romains ». Long de plus de 1300 m, bâti avec des parements de grès et un blocage de calcaire, il devait comprendre dans sa partie centrale une succession de trois étages d'arcades, atteignant 73 mètres au-dessus du niveau de la rivière. Ce plan fou donne lieu à trois années de travaux (1685-1688), au cours desquelles seule la première rangée est édifiée.

Les dolmens de Changé

Deux (peut-être trois) dolmens (le dolmen Petit, le dolmen du Berceau et le but de Gargantua) appartenant à ce site archéologique se situent, telles des bornes, sur la limite formée avec la commune de Saint-Piat : le musée du site est géré par la communauté de communes des Portes Euréliennes d'Ile-de-France. 18 campagnes de fouilles ont permis de reconstituer ici un scénario complexe d'occupations successives. Le dolmen du Berceau, qui n'a pas reçu de sépulture mais a révélé de captivants signes gravés, aurait pu être un espace cultuel. Les datations carbone 14 permettent de situer la construction d'origine vers 4000 avant J.C.

Mémoire(s) : Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon

Trajectoire hors-norme, personnalité fascinante, celle que l'on nommait Madame de Maintenon a inspiré ses biographes – historiens, romanciers et cinéastes. Née en prison où son père est détenu pour dette, elle découvre enfant la Martinique. Revenue en métropole et vivant de mendicité, Françoise entre au couvent puis épouse à seize ans le poète Scarron, qui en a plus de quarante. Veuve, nommée gouvernante des enfants illégitimes que Louis XIV a eus avec madame de Montespan, elle gagne peu à peu sa confiance, jusqu'à éclipser les favorites. Les finances royales lui permettent d'acquérir Maintenon en 1674. À la mort de la souveraine Marie-Thérèse, elle épouse le roi soleil, secrètement (1683). À la cour, on lui prête une intelligence vive, une profonde dévotion et un caractère affirmé : au point d'influencer certaines orientations politiques ? Loin de Versailles, le château, où le roi lui rend parfois visite, est son havre de paix, dont elle parle avec affection.

Tradition : les jardins à la française

En 2013, le conseil départemental, profitant de l'existence d'un plan du célèbre paysagiste Le Nôtre, a reconstitué les parterres, imaginées vers 1676, et qui n'avaient jamais été réalisés. Dans cette nature redessinée, les pelouses sont délimitées par des lignes de buis et scandés d'ifs taillés en topiaire. On y trouve aussi des tulipes et myosotis (printemps), des rosiers et sauges bleues (été).

Mais aussi...

L'église Saint-Pierre a été entièrement reconstruite en 1694. C'est la seule église de l'agglomération de style baroque.

Le pont rouge, qui franchit un canal d'approvisionnement du chantier de l'aqueduc, date de 1704.

Le moulin neuf remonte aux années 1700.