« La reconquête industrielle passe par l’attractivité du territoire »
Économie et emploi , Économie et emploi
-Publié le 28/10/2024
En cette rentrée, Monsieur Hervé Jonathan, Préfet d’Eure-et-Loir, nous fait l’honneur de s’exprimer sur notre site.
Le représentant de l’État évoque notamment la stratégie nationale de reconquête industrielle, déclinée au niveau local par le label Territoires d’Industrie, et les politiques publiques mises en œuvre en parallèle qui concourent à l’attractivité du territoire.
La reconquête industrielle, une priorité
« L’État a engagé depuis 2017 une stratégie de reconquête industrielle, dont la nécessité a notamment été mise en lumière et accentuée par deux phénomènes récents : la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Cette stratégie doit permettre à notre pays de retrouver sa souveraineté industrielle par la relocalisation de productions essentielles à notre économie et au fonctionnement de notre société. Assurer la décarbonation de notre économie, et en particulier de notre industrie, répond non seulement aux impératifs de transition écologique et d’adaptation au changement climatique, mais également à la problématique du coût de l’énergie, puisque contrairement à la Chine ou aux États-Unis, l’énergie est très chère en Europe, ce qui pénalise nos entreprises. Or la décarbonation, par la production d’énergies renouvelables, ou propres et recyclables comme le nucléaire, permet une réduction de ces coûts. À cette fin, il s’agit de favoriser les implantations industrielles par l’accélération des procédures administratives et environnementales. C’est tout l’objet de la loi Industrie Verte, qui a été votée fin 2023 et qui doit contribuer à accélérer la réindustrialisation du pays et à faire de la France le leader de l’industrie verte en Europe.
Cette stratégie de reconquête industrielle s’appuie sur un levier puissant qu’est le programme France 2030, un programme ambitieux qui prévoit 54 milliards d’euros sur 5 ans pour accompagner les entreprises à la fois à se moderniser, à être plus compétitives dans leurs méthodes de production, notamment par l’intégration des technologies numériques et de l’IA, mais également à les aider à décarboner leurs process de fabrication. Dans le département d’Eure-et-Loir, c’est aujourd’hui près d’une vingtaine d’entreprises qui ont été aidées dans ce cadre, à hauteur de 35 millions d’euros de subventions de l’État, générant plus de 100 millions d’investissement. »
Un ancrage dans les territoires
« Cette stratégie nationale forte doit s’ancrer dans les territoires. C’est là qu’intervient Territoires d'industrie. Car le levier indispensable et complémentaire à cette politique nationale, c’est la territorialisation de la politique industrielle. D’une part, parce que c’est dans les villes moyennes et les zones rurales que se trouvent en majorité les industries. Pour preuve : 70 % de l’emploi industriel se situe en dehors des grandes métropoles, dans les secteurs périurbains, ruraux et les villes moyennes. Il y a donc là un véritable enjeu d’aménagement du territoire. D’autre part, car c’est également à l’échelle locale que l’on identifie de manière fine et précise les écosystèmes favorisant le développement économique.
L’objectif est de réunir l’ensemble des pouvoirs publics (État, collectivités locales, opérateurs…) et les acteurs industriels afin d’identifier les besoins du territoire et de concentrer les moyens d’actions pour répondre à ceux-ci : c’est un travail d’équipe pour le développement économique d’un territoire. L’État y joue son rôle en allouant des moyens supplémentaires, notamment en ingénierie avec le financement d’un chef de projet chargé d’animer cet écosystème et de mettre en ordre de bataille tous les acteurs locaux, mais aussi financier puisque 100 millions d’euros sont dédiés au niveau national à la décarbonation des processus industriels, dont bénéficient directement les entreprises localisées dans les Territoires d’Industries. »
Territoire d’industrie
Chartres métropole a intégré le programme national Territoire d'Industrie pour la période 2023-2027.
Des enjeux identifiés
« Territoires d'industrie vise à apporter, dans et par les territoires, des réponses concrètes aux enjeux de soutien à l’industrie : développement des compétences industrielles ; formation par la mise en réseau des entreprises, des laboratoires de recherche, des universités pour une offre adaptée aux besoins des industriels présents et à venir ; mobilité des salariés, écosystèmes d’innovation, attractivité des territoires et des métiers industriels, accélération de la transition écologique, disponibilité du foncier ou encore revitalisation des friches industrielles... Bien évidemment, le programme Territoires d'industrie vient à la fois en soutien et en renfort des entreprises et du tissu industriel existants, mais doit aussi être en capacité de faire venir de nouveaux investisseurs. Ceci renvoie à la capacité d’un territoire à être attractif. »
Une attractivité à conforter
« Territoires d'industrie ne peut en effet atteindre ses objectifs que si viennent s’ajouter en complémentarité et en cohérence un certain nombre de politiques et d’actions publiques qui confortent l’attractivité du territoire. Car une entreprise, ce sont des cadres, des salariés et des familles. La première préoccupation des citoyens, c’est que la sécurité des biens et des personnes soit assurée. C’est la mission première de l’État, j’y suis particulièrement attaché. Cela passe par une présence renforcée des forces de l’ordre sur le terrain, au plus près de la population, des élus, avec une implication forte des effectifs de Police et de Gendarmerie nationales, dont je salue l’engagement. Nous y travaillons au quotidien en étroite collaboration avec Chartres métropole sous l’égide du Conseil intercommunal de la sécurité et de la prévention de la délinquance et de la radicalisation. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’a été signée une convention entre la Gendarmerie et l’Agglomération pour sécuriser les transports collectifs.
L’autre élément, c’est de créer un environnement où il fait bon vivre, notamment en matière d’aménagement urbain, de logement et de vie de la cité. L’État accompagne donc les initiatives de Chartres métropole sur plusieurs axes, comme Action Cœur de Ville, qui renforce l’offre commerciale, lutte contre l’habitat indigne et les logements vacants, favorise la création de logements, réaménage les espaces publics et renforce les équipements publics. Les territoires ruraux ne sont pas oubliés avec les programmes aux objectifs similaires que sont Petites Villes de Demain et Villages d’Avenir. En matière d’aménagement de territoire, l’État accompagne en outre Chartres métropole dans son programme Plateau nord-est, en mobilisant 3,8 millions d'euros pour aider la collectivité dans la requalification de son entrée de ville, qui intègre des problématiques de logement, de commerce, de développement durable, d’équipements de sports…
La cohésion et l’harmonie d’un territoire sont également essentielles. C’est pourquoi l’État apporte son soutien aux programmes de rénovation urbaine de Chartres et de Mainvilliers. Près de 50 millions d’euros sont alloués à Chartres métropole qui reconstitue une offre de logements sociaux adaptée, moderne, implantée de manière équilibrée sur le territoire, favorisant la mixité sociale. En matière de politique de la ville, l’État mobilise chaque année 1 million d’euros pour soutenir les initiatives locales, l’action des communes, des centres sociaux, des associations qui renforcent le mieux vivre ensemble dans ces quartiers. Je n’oublie pas le patrimoine et la culture. L’État tient son rang en la matière. 33 millions d’euros ont été investis pour la restauration de la cathédrale de Chartres. Dernier exemple en date : les 8 millions investis dans la restauration de la salle capitulaire de la chapelle Saint-Piat de la cathédrale, qui dévoile son Trésor au public après 25 ans de fermeture. L’agglomération et l’ensemble de l’Eure-et-Loir ont la chance de bénéficier d’un monument exceptionnel, millénaire, qui rayonne dans le monde entier… et qui contribue donc à son attractivité touristique et culturelle, qui est un autre élément du développement économique d’un territoire. »
En cohérence !
« Le développement industriel dont nous parlions en début d’entretien contribue à l’attractivité du territoire dès lors que d’autres politiques publiques viennent en cohérence : politique de sécurité, d’aménagement du territoire, que ce soit dans l’aire urbaine ou en secteur rural, de reconquête du logement, de dynamisation de l’offre commerciale, de requalification et de réaménagement des espaces publics et urbains, de vivre ensemble...
Lorsqu’on veut attirer de nouvelles populations, notamment actives, les choix se font sur les emplois disponibles, mais aussi sur la capacité à permettre à la famille de mener une vie répondant à ses attentes en termes de tranquillité, d’habitat, de cadre de vie, d’éducation, de culture, de loisirs... C’est donc toute une cohérence d’ensemble qu’il convient d’orchestrer. »
La Semaine de l'industrie
Du 18 au 22 novembre, les entreprises du territoire, les organismes de l'emploi et de la formation ainsi que Chartres métropole se mobilisent pour valoriser l'industrie et ses métiers pendant la Semaine de l'industrie.
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