Houville-la-Branche, c'est toute une histoire

Patrimoine

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Publié le 25/04/2024

Patrimoine - Territoire

Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire… de Houville-la-Branche !

Le château

Ce beau bâtiment, construit en pierre de Berchères, adopte des formes épurées. Il est précédé d'une cour d'honneur fermée de grilles de ferronnerie. Côté jardin, il ouvre sur une perspective engazonnée, au travers d'un important parc planté d'arbres : un beau point de vue que les promeneurs peuvent admirer en contournant le mur d'enceinte. Le modèle architectural du corps central – chaînages d'angle sobrement striés, grande porte à arc surbaissé, balcon de l'étage, fronton courbe – est typique des années 1750-1760. Les deux ailes latérales sont probablement un peu plus anciennes, de quelques décennies.

Ce château ne connaît aucune cession entre 1643 et 1954 : acquis par Jean de Landes, un noble régional, il se transmet par héritage à la famille de Barillon d'Amoncourt (1739), qui constitue une lignée de conseillers au Parlement de Paris, puis à celle des marquis de Tardieu de Maleyssie (1823), qui sont tous officiers militaires de haut rang.

L'église Saint-Léger

La base de cette église date du XIIe siècle, tout comme le mur sud et l'abside semi-circulaire, ainsi qu'une petite crypte, récemment (re)découverte. Elle est agrandie au XVe siècle, avec la construction d'un collatéral à trois pignons côté nord. Au XIXe, elle est fortement restaurée : construction de la sacristie, relèvement de la façade, modifications des fenêtres... Les charpentes datent en grande partie des années 1500 et comportent des décors sculptés d'animaux fantastiques et d'angelots.

Zooms

Les décors peints des parois et de la voute, commandés en 1885, sont typiques d'un style qui mêle académisme et néogothique. Très qualitatifs, ils laissent voir, dans le chœur, les figures des quatre évangélistes : Matthieu, Jean, Marc et Luc.

Les vitraux sont pour l'essentiel commandés en 1895 aux ateliers Duhamel-Barette, d'Évreux. D'une remarquable finesse de dessin, ils montrent l'Adoration des rois Mages, la Pentecôte, la Crucifixion et le Jugement Dernier. L'atelier chartrain Lorin, omniprésent dans la région, a réalisé le vitrail d'axe, dédié aux patrons de l'édifice.

Les tombes des tirailleurs tunisiens

Le 16 juin 1940, plus de cinquante hommes tombent à Houville, autour de la ferme de Pannes. Presque tous appartenaient au 4e RTT (régiment de tirailleurs tunisiens), composé pour l'essentiel de soldats originaires de Tunisie, encadrés par des sous-officiers pieds-noirs et métropolitains. Nous avons la connaissance exacte du déroulé de la journée : le point de fixation situé au nord du village, déserté par ses habitants, est violemment débordé par l'attaque de deux régiments d'infanterie allemands, l'une frontale (38e IR), l'autre qui manœuvre par encerclement (28e RI). Tout est inégal dans le rapport de force entre fantassins, qui combattent en terrain découvert : le nombre et l'équipement. La relecture des évènements, qui quelques jours avant l'armistice, donne l'impression d'un acte désespéré prévu pour freiner l'avancée ennemie, fait porter le sacrifice sur les troupes coloniales.

48 tombes, dont plusieurs d'hommes inconnus, ont été regroupées sur ce carré militaire en 1941, où se côtoient ainsi des stèles décorées de croissants musulmans et de croix catholiques. Fait essentiel et émouvant : les habitants, qui avaient inhumé les corps, ont demandé dans les années 1950 à les conserver ici plutôt qu'à les voir transférés dans une sépulture nationale. Chaque année, en juin, une cérémonie d'hommage a lieu. L'entretien et le fleurissement de chaque tombe sont confiés à un foyer de la commune. Chartres métropole travaille à l'identification exacte des combattants, dans les archives militaires.

Mémoire(s) : Paul Argand, Stanislas Czaykowski

Paul Argand, né à Houville en 1849 dans une famille de cultivateurs, connut une ascension étonnante. Après avoir parcouru l'Asie centrale comme acheteur de tapis, il est le fondateur des grands magasins parisiens À la Place Clichy, spécialisés dans les importations d'artisanat. On lui doit aussi l'idée, alors exceptionnelle, de faire participer le personnel à l'actionnariat de l'entreprise. Le comte Czaykowski, issu d'un premier mariage de la comtesse de Tardieu, est un pilote automobile qui concourt sur Bugatti. Il meurt sur le circuit de Monza (Italie) le 30 septembre 1933 lors d'une épreuve tragique : le « dimanche noir ». Il est enterré au cimetière du village.

Tradition : les Tardieu de Maleyssie, dépositaires de la « mémoire » de Jeanne d'Arc

Cette famille de châtelains a marqué l'histoire d'Houville (trois membres en furent d'ailleurs maires). Leurs armoiries (blason est le terme qui désigne seulement l'écu armorié, sans les ornements extérieurs ici présents), que l'on trouve au fronton du château mais aussi à la verrière centrale de l'église, est surmonté de la figure de Jeanne d'Arc et des mentions « La Pucelle – Les Lys ». L'origine se trouve dans une ordonnance royale de 1612, c'est-à-dire un texte législatif (!) qui donnait à la famille du Lys, celle de Jeanne d'Arc ainsi qu'à leurs apparentés, le droit perpétuel d'utiliser ce symbole. D'ailleurs, le château hébergea longtemps l'une des rares lettres signées de sa main.

Mais aussi...

Les grandes fermes. Plusieurs grandes fermes (XIXe siècle, avec des parties plus anciennes) modèlent le paysage, à la fois dans le bourg et dans le hameau de Cinq Ormes.

Les bords de la Branche (le ruisseau qui donne son nom au village) sont en partie longés de bois. Plusieurs vues lointaines sur les clochers de la cathédrale sont préservées.