Fresnay-le-Gilmert, c'est toute une histoire
Patrimoine
-Publié le 22/01/2024
Patrimoine, histoire, mémoire
Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire… de Fresnay-le-Gilmert !
L'église Saint Just et Sainte Anne
Cette petite église, isolée à l'extérieur du village, possède un charme fou. Aujourd'hui accolé de deux grands conifères qui ajoutent au coup de cœur, l'édifice date du début du XIIe siècle. Les murs sont pour l'essentiel en mœllons de silex et les contreforts de façade et les chaînages en pierre brune de grison, typique du nord-ouest eurélien. On trouve aussi quelques pierres calcaires, notamment celles qui alternent avec le grison sur l'arcature de la porte centrale. La cloche (1588), toujours en service, est l'une des plus anciennes de la région. Plusieurs statues d'art populaire méritent d'être vues, notamment celle où Sainte Anne « enseigne » à Marie, et celle du martyr Saint Just, portant sa tête en recherche de sa sépulture. Toutes deux datent du XVIe siècle.
On trouve aussi plusieurs bâtons de procession, dont les statues miniatures sont surmontées d'un petit baldaquin : les deux plus anciens (XVIIIe siècle) sont également
consacrés aux saints patrons Sainte Anne et Saint Just.
Zooms
Du côté nord de l'église, une porte en pierre de Berchères, aux corbeaux élégamment taillés, est parfaitement identique – au millimètre – à un modèle utilisé dans le chœur de la cathédrale de Chartres (vers 1215). Tout semble indiquer que les chanoines de Notre-Dame, copropriétaires (avec l'abbé de Coulombs) de l'église, se sont servis ici d'un « inutilisé » du chantier chartrain.
Deux piscines doubles ont été retrouvées lors de travaux de restauration (l'une sous un arc trilobé), elles servaient aux gestes de purification effectués par le prêtre après l'eucharistie (calice et mains). Sur celles de Fresnay, comme ailleurs, l'une des deux vasques est décorée d'un motif rayonnant.
La Mise au tombeau
Classé monument historique, un remarquable groupe sculpté en bois des années 1480/90 provenant de l'église est conservé en sécurité à la mairie. On y voit le Christ mort, déposé dans son linceul ; sa mère éplorée, soutenue par Saint Jean ; Saint Joseph d'Arimathie, aux riches vêtements, qui tient la tête du Christ ; Nicodème, portant la couronne d'épines et les clous de la croix ; trois saintes femmes (dont Marie Madeleine) se pressent autour du corps, ainsi qu'un dernier assistant, qui évoque peut-être le donateur. Même si on observe de nombreux repeints, ce sont bien les polychromies d'origine que l'on découvre encore aujourd'hui.
Les mares
Deux grandes mares, figurées sur d'anciens plans, existent encore : l'une au croisement principal du village, l'autre à l'ouest, près de l'ensemble des « fermes ». Une troisième, entourée de pelouse, s'y est ajoutée près de l'église, dans un terrain longtemps laissé en pâture commune.
Mémoire(s) : dalle tumulaire de la famille de Coutes (1245), Louis de Coutes (1414-v. 1483)
Cette rare pierre tombale, l'une des plus anciennes de l'agglomération, est gravée de la figure d'une femme. Dans une arcature ogivale, on la voit habillée d'un manteau au revers fourré en « vair ». L'inscription de bordure (en latin) a été effacée pour un tiers ; le restant a pu être déchiffré. La dame appartenait à la famille de Coutes (en latin de cubitis), originaire d'un château situé au sud de Oisème mais dont les archives témoignent (dès le XIVe siècle) qu'elle avait acquis la seigneurie de Fresnay. On trouve d'ailleurs leur blason deux fois sur la gauche : un lion dressé traversé d'une fine barre oblique. Elle est morte en 1245 "M. SEMEL & C BIS. TER.TRINOS. QUINQU." (mille une fois, cent deux fois, trois fois triple cinq).
De cette lignée est issu Jean « Minguet » de Coutes, seigneur de Fresnay et père de Louis, qui en 1428, âgé de 14 ans, devint page personnel de Jeanne d'Arc et participa à l'extraordinaire aventure que fut la levée du siège d'Orléans et le sacre du roi. Ce natif du village est le plus jeune de ses compagnons, que l'imaginaire collectif a transformés en héros nationaux.
Tradition : La pierre Potron
En bordure d'un chemin de terre se dirigeant vers Chavannes et Lèves, une grosse pierre, phénomène naturel ou sépulture d'époque néolithique, porte aujourd'hui le nom de pierre Pohon, déformation fautive de pierre Potron (comme le propose l'ancien cadastre). Ce mot de vieux français évoque le derrière : ainsi dans « potron minet », quand on voit l'arrière du chat qui détale. Sa partie supérieure évoque d'ailleurs vaguement l'empreinte d'un fessier. Si l'on prend en compte la présence voisine de la « vallée au diable » et l'érection d'une croix, il est probable qu'elle appartienne à la famille des grosses pierres légendaires dont on attribuait le transport à Satan, qui s'y asseyait, quand ce n'était pas les géants. Si elle a été déplacée récemment, espérons qu'elle reprendra prochainement son emplacement initial.
Le registre paroissial manuscrit
Le registre paroissial manuscrit, encore déposé en mairie, commence en octobre 1641. Il porte indication de tous les baptêmes, mariages et sépultures. C'est un document essentiel pour les généalogistes. Les tampons anciens y sont conservés, notamment ceux de la monarchie constitutionnelle (1815-1830) et du Second Empire (1852-1870).
Mais aussi…
Une vue sur la cathédrale… Dans le secteur de l'église, la silhouette de la cathédrale s'impose sur la ligne d'horizon.
Les maisons anciennes à pans de bois (XVIIe - XVIIIe s.) ont pu être identifiées en comparant les plans anciens et en observant le bâti : on en compte environ dix.