Archéologie : la tombe du prélat inconnu au sein de l’église Saint-Martin-au-Val ?
Sur le territoire
-Publié le 09/11/2024
Patrimoine
Le 19 juin, en présence de la presse nationale et du président de Chartres métropole Jean-Pierre Gorges, l’équipe de C’Chartres Archéologie a procédé à l’ouverture d’un sarcophage mérovingien scellé au sein de l’église Saint-Martin-au-Val. Le défunt était-il un haut dignitaire ecclésiastique ? Des analyses poussées sont en cours.
Un moment fort et rare
Fouillée depuis 2013 sous la supervision de Bruno Bazin, responsable scientifique de l'opération à C'Chartres Archéologie, l’église Saint-Martin-au-Val a déjà révélé de nombreuses informations cruciales, comme l’existence d’une première église de la fin de l’Antiquité et début du Moyen Âge (fin IVe – VIIIe siècles).
Cet espace religieux, à plan basilical, a accueilli très tôt des inhumations en sarcophage, en lien certainement avec la présence de reliques, pourquoi pas celles de saint Lubin, évêque de Chartres.
De cette population inhumée dans la première église, on en sait désormais plus : une aristocratie aisée, aimant s’accompagner dans la tombe de matières précieuses, parfois d'objets de parure. Mais surtout, cette population mérovingienne pratiquait l’embaumement, comme révélé notamment lors de la première ouverture de sarcophage, celui d'un bébé, en 2018.
Marquant la fin du programme pluriannuel de fouille, la campagne 2024 a eu pour temps fort l’ouverture du dernier sarcophage découvert. Il s’annonçait d’importance, car situé au plus près du choeur de l’église tardo-antique. Un sarcophage plus récent, disparu, avait même été installé directement au-dessus, signe à la fois de l’importance symbolique de l’emplacement, et du prestige de l’individu inhumé en premier lieu.
Une méthodologie pour prévenir les risques
Le sarcophage apparaissait grand (2,10 m de long), laissant présager de la taille du défunt.
L’enlèvement du couvercle a constitué un vrai défi technique. Constitué de deux blocs calcaires très fragmentés, il a fallu prélever les blocs calcaires de ce couvercle délicatement, en évitant qu’ils ne tombent dans la cuve… sur les restes humains conservés.
Mobilisant en simultané six personnes, cette étape critique s’est néanmoins passée en une trentaine de minutes et sans accroc. Le dévoilement de la dépouille humaine s’est fait en deux temps, d’abord par la partie basse, laquelle a été protégée lorsqu’il a fallu découvrir la partie haute.
Qui était-il ?
Impossible de savoir à quoi s’attendre précisément, avant de découvrir la dépouille, bien préservée, dans ce sarcophage de près de 15 siècles. Très vite est apparu un individu grand, mesurant 1,85 à 1,90 m.
Les premières observations anthropologiques ont détecté une ossature puissante, liée certainement à un homme corpulent et charpenté, les bras le long du corps. Les parties centrale et supérieure du squelette conservaient encore de nombreux restes de matières organiques, dont des fibres textiles. Ces dernières frappent par leur finesse et présagent d’un habit, ou d’un aménagement lié aux funérailles (coussin, par exemple) de très haute qualité, témoignage supplémentaire de l’importance du personnage.
Les semaines et mois qui viennent apporteront leur lot de nouvelles informations, mais en l’état, l’hypothèse d’un haut dignitaire, peut-être d’un prélat, est privilégiée. À suivre…
Église Saint-Martin-au-Val : entrez dans l'Histoire !
Grâce aux fouilles de C'Chartres Archéologie, on sait désormais que l'église Saint-Martin-au-Val trouve ses origines dans une première basilique funéraire, construite il y a près de 15 siècles.
À votre tour, entrez dans l’Histoire, en visitant cette église !
Les prochaines visites auront lieu :
- les mercredis 13, 20 et 27 novembre à 16 h ;
- les vendredis 8, 15, 22 et 29 novembre à 17 h.
Durée de la visite : 1 h.
Nombre de places : 5 personnes minimum, 18 personnes maximum.
Tarif plein : 8€ ; tarif réduit : 4€.
Réservation obligatoire auprès de l’Office de Tourisme, au moins 24h à l’avance, au guichet ou sur la billetterie en ligne.