Trame nuit : les têtards sont arrivés dans l'étang

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Publié le 17/12/2024

Biodiversité

L'alyte accoucheur

L'enjeu de la Trame nuit est de réduire ou supprimer la pollution lumineuse nocturne pour préserver la biodiversité.

Pour affiner ce dispositif, un inventaire de la faune nocturne a été mené. Zoom aujourd'hui sur les amphibiens recensés dans notre territoire dans le cadre de cette étude.


On distingue trois ordres parmi les amphibiens : les anoures, qui sont dépourvus de queue (crapauds et grenouilles), les urodèles (salamandres et tritons) et les gymnophiones (ressemblant à des vers). Leur cycle de vie se déroule en deux phases : l’une, aquatique, pour les larves (têtards), et l’autre, terrestre, pour les adultes. Les amphibiens occupent différentes zones humides sur le territoire de Chartres métropole. La sous-trame aquatique comprend d’un côté les amphibiens qui fréquentent les mares (les tritons), et de l'autre ceux qui s’épanouissent dans les eaux stagnantes (crapauds, grenouilles).

Y’en a mare !

En région Centre-Val de Loire, 23 espèces d’amphibiens sont recensées, dont 14 sur le territoire de Chartres métropole. Les amphibiens étant majoritairement actifs la nuit, la pollution lumineuse est source de dérangement, notamment en période de reproduction. Les mares et les étangs, très présents dans l’agglomération (on en compte plus de 500 !), constituent donc des zones sensibles en termes de gestion de l’éclairage artificiel pour la préservation des amphibiens. Dans le cadre de l’étude Trame nuit de Chartres métropole, quatre espèces à enjeux ont été identifiées : l’alyte accoucheur (Alytes obstetricanus), le pélodyte ponctué (Pelodytes ponctatus), la grenouille rousse (Rana temporaria) et les tritons (à l’exception du plus commun de tous, le triton palmé).

Petit crapaud dodu, l’alyte accoucheur est très présent, puisqu’on le retrouve dans 34 des 66 communes de l’agglomération. Aussi appelé crapaud persillé, le pélodyte ponctué est très actif au crépuscule à Houville-la-Branche, Sours, Francourville et Berchères-les-Pierres. La grenouille rousse, elle, a pris ses quartiers à Bouglainval et Ollé. La présence du triton alpestre est avérée dans cinq communes (Lèves, Berchères-Saint-Germain, Chartainvilliers, Nogent-sur-Eure et Houville-la-Branche). Le triton marbré n’a été repéré qu’à Mittainvilliers-Vérigny. Cinq communes accueillent le triton ponctué (Mittainvilliers-Vérigny, Berchères-Saint-Germain, Corancez, Bouglainval et Saint-Léger-des-Aubées), et trois le triton crêté (Mittainvilliers-Vérigny, Bouglainval et Nogent-sur-Eure).

Bois et zones humides

Certaines communes ressortent plus que d’autres dans cette étude des amphibiens. C’est le cas notamment de Mittainvilliers-Vérigny, village de Chartres métropole qui compte le plus grand nombre de mares communales (14 !). Présentant des configurations très différentes les unes des autres, ces 14 plans d’eau répondent à des exigences écologiques strictes pour chaque espèce d’amphibien. Bouglainval et Berchères-Saint-Germain sont également des communes dignes d’intérêt par leurs mares et étangs, répartis le long du Canal Louis XIV. La présence du milieu forestier à proximité de ces zones humides permet un équilibre dans la vie des amphibiens, les zones humides offrant des abris pour la ponte et l’éclosion des oeufs, et les milieux boisés des espaces pour se reposer et se nourrir.

Comment les protéger ?

En France, les amphibiens sont protégés par l'arrêté du 8 janvier 2021, qui interdit :

  • la destruction ou l'enlèvement des œufs et des nids ;
  • la destruction, la mutilation des amphibiens ;
  • l'altération ou la dégradation de leurs sites de reproduction et aires de repos ;
  • la détention, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, ou l'achat.

Les espèces d'amphibiens ne pondent pas tous à la même période. Certaines pondent vers la mi-février, tandis que les espèces tardives pondent au mois d'août. Cela nécessite une vigilance accrue les trois-quarts de l'année pour les préserver. Enfin, certains axes routiers sont très empruntés à la fois par les automobilistes et par les amphibiens, lorsqu'ils se déplacent entre les zones humides et les milieux boisés. Il est donc fortement recommandé de modérer son allure, notamment lorsque les jours raccourcissent et que la luminosité est moindre. Pour aller plus loin, il peut être intéressant de créer des crapauducs à des points stratégiques, pour faciliter les déplacements des amphibiens sans risque de collision avec les véhicules.