L'orme entre en résistance !
Biodiversité
-Publié le 20/05/2024
La direction du Patrimoine Naturel de Chartres métropole assure un contrôle renforcé des arbres malades, et intervient avec des protocoles spécifiques pour limiter la propagation des pathogènes. L'objectif ? Préserver le précieux patrimoine arboré dans l'agglomération. Parfois, des espèces pratiquement disparues sont même réintroduites.
D'origine asiatique, la graphiose de l'orme est une des plus anciennes maladies des arbres. Elle apparait pour la première fois en Europe au Pays-Bas en 1919, puis arrive en France en 1920. Le responsable est un champignon nommé « Ophiostoma ulmi », qui pénètre les vaisseaux du bois pour s'y reproduire, puis se propage dans les jeunes branches via les tissus. Pour contenir la maladie, l'arbre crée un mécanisme d'auto-défense : il stoppe la circulation de sa propre sève, ce qui le contraint à ne plus recevoir suffisamment de nutriments pour se développer de manière optimale. Conséquences : ses feuilles flétrissent, ce qui fragilise les rameaux et peut entraîner sa mort.
Transmission et moyens de lutte
Le champignon se transmet d'arbre en arbre de deux manières :
- par les insectes nommés scolytes (ordre des coléoptères, comme les scarabées), qui sont friands de l'orme pour s'y nourrir et s'y développer. S'ils entrent en contact avec le champignon et creusent une galerie dans un nouvel arbre, celui-ci se trouve contaminé ;
- par contact racinaire, lorsque deux arbres sont proches l'un de l'autre. Comme pour la plupart des autres maladies touchant les arbres, le moyen de lutte le plus efficace aujourd'hui est l'abattage des individus malades.
La graphiose de l'orme est la cause principale du déclin des ormes en France. Orme champêtre (Ulmus minor), orme montagnard (Ulmus glabra) et orme lisse (Ulmus laevis) : près de 30 000 ormes ont été décimés au cours des 100 dernières années. Il n'en subsiste que 1 000 aujourd'hui.
Résistance hybride
Toutefois, à partir des années 1960, des chercheurs ont essayé de développer des variétés d'ormes hybrides qui soient capables de résister à cette maladie. Au début des années 2000, après quarante ans d'étude et d'observation, la France, et notamment l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), ont mis sur le marché deux espèces hydrides résistantes, qui redonnent espoir dans le maintien des ormes, que ce soit sous la forme d'arbres isolés en milieu urbain ou sous forme de haies bocagères.
Réintroduction dans l'agglo
En 2016, des peupliers ont été abattus le long du Plan vert de Chartres métropole, dans le secteur de Barjouville. En 2017, l'éclaircissement et la régénération naturelle qui ont résulté de cet abattage ont permis à de nombreuses espèces végétales de s'exprimer et de se développer : aubépine, noyer, merisier, frêne, chêne, érable… Dans cet espace propice, la direction du Patrimoine Naturel de Chartres métropole a planté des ormes résistants (Ulmus resista). Et avec succès : ils s'y épanouissent et sont en excellente santé !
Fin 2020, à l'occasion de travaux de reprofilage des berges entre la rue des Grand-Près et l'Eure, à Lèves, les équipes de Chartres métropole ont renouvelé l'expérience en plantant à nouveau des ormes résistants. En 2021, à Saint-Prest, une dizaine d'individus ont également pris racine le long de la rivière, en amont de la rue du moulin de la Forte Maison. Et dernièrement, en 2022, c'est à Luisant, en bordure du Coudray, près du moulin Viron, que des ormes résistants ont été plantés. Petit à petit, l'orme reprend ainsi sa place dans notre environnement, même s'il faudra encore attendre quelques années pour qu'il repeuple plus densément nos forêts.