La trame nuit mise en lumière
Biodiversité
-Publié le 05/07/2024
Plan vert - Biodiversité
Grâce à ses actions respectueuses de la nature, Chartres métropole dispose d’un patrimoine faunistique et floristique riche et de plus en plus diversifié. Cette diversité repose en grande partie sur la préservation des continuités écologiques terrestres et aquatiques, ou Trame Verte et Bleue. En complément, Chartres métropole vient d’élaborer une nouvelle trame, la Trame Noire, ou Trame Nuit. Objectif ? Réduire ou supprimer la pollution lumineuse nocturne, pour respecter encore davantage de la biodiversité.
Le principe de Trame Verte et Bleue (TVB) est de préserver et à restaurer un réseau de continuités (ou couloirs) écologiques pour que les espèces animales et végétales puissent circuler, s'alimenter, se reproduire, se reposer : en bref, assurer leur cycle de vie dans les meilleures conditions. La Trame Verte fait référence aux milieux naturels et semi-naturels terrestres, quand la Trame Bleue s'applique aux réseaux aquatiques et humides : fleuves, rivières, canaux, mares, étangs…
Dans ses actions quotidiennes, Chartres métropole respecte l'essence même de ces trames : ses réalisations dans le cadre du Plan vert et sa gestion de la rivière, qui prennent scrupuleusement en considération les principes de préservation des espèces animales et végétales, en sont une illustration très concrète. Un autre dispositif va dans ce sens : la Trame Noire ou Trame Nuit. Elle vise à maintenir et restaurer un réseau de continuités écologiques nocturnes sur un territoire, tout en réduisant, voire en supprimant, la pollution lumineuse. Ses intérêts sont multiples : préserver la biodiversité, améliorer la qualité de vie, et optimiser la consommation énergétique sur l'éclairage, en travaillant sur une gestion adaptée aux usages urbains et ruraux.
Les deux font la paire
Trame Verte et Bleue et Trame Noire se veulent complémentaires dans la prise en compte de la biodiversité, les Trames Verte et Bleue ayant pour objectif de travailler sur le maintien, la préservation voire la restauration des différents habitats écologiques en faveur de la faune diurne (active le jour) et la Trame Noire en faveur de la biodiversité diurne et nocturne (certaines espèces animales étant actives le jour et la nuit). Les premières étapes de l'étude Trame Noire, lancées en 2021 par Chartres métropole, ont consisté à inventorier les espèces faunistiques présentes dans les communes de l'agglomération, le long de l'Eure et de ses affluents, et autour des réservoirs à biodiversité identifiés dans la Trame Verte et Bleue.
Les espèces à préserver
Grâce notamment à des écoutes et observations sur le terrain, un certain nombre d'espèces animales diurnes et nocturnes ont été identifiées et classées dans différentes sous-trames :
- la sous-trame boisée, où l'on retrouve beaucoup d'espèces de rapaces ;
- la sous-trame aquatique, avec ses nombreux batraciens, pour la plupart protégés ;
- la sous-trame herbacée, avec de petits mammifères.
Beaucoup d'autres espèces se retrouvent dans toutes les soustrames : les insectes, les oiseaux, les chauves-souris… Les chauves-souris ont été largement étudiées dans le cadre de la Trame Noire. Présentes sur tout le territoire de l'agglomération et bénéficiant d'un statut de protection national, elles sont très impactées par la pollution lumineuse. C'est notamment pour assurer leur sauvegarde, et celle de la faune nocturne tout entière, que la Trame Noire a été lancée par les élus de Chartres métropole.
Points lumineux
En complément des espèces faunistiques, le diagnostic Trame Noire a recensé les différents points lumineux propres à chacune des 66 communes de l'agglomération, afin de faire ressortir l'ensemble des zones à fort enjeu environnemental, et notamment les couloirs écologiques à préserver, et ceux à restaurer. Cette carte est le point de départ pour la préconisation d'actions visant à la sauvegarde du patrimoine et à la restauration des zones qui présentent des conflits entre biodiversité et pollution lumineuse.
Aider les communes
Chartres métropole a donc engagé un certain nombre d'actions pour aider les communes à prendre en compte ces « points de conflits » : conseils auprès des élus et des riverains, préconisations lors des opérations de requalification d'espaces urbains et naturels, actions dans le cadre de travaux gérés et financés par la collectivité, etc. Chaque commune dispose d'un patrimoine faune/flore très riche pour lequel il est essentiel d'agir pour en assurer la préservation, tout en prenant en compte les usages de chacun. Des opérations concrètes ont déjà vu le jour, comme à Saint-Aubin-des-Bois.
Quels sont les impacts de la pollution lumineuse sur la faune ?
Qu'il s'agisse de santé humaine, de biodiversité ou même d'astronomie, l'éclairage artificiel présente parfois des impacts non négligeables au quotidien. Concernant la faune, deux phénomènes sont observés. Le premier est relatif à l'attraction et la répulsion des espèces face à une source lumineuse. L'exemple du papillon est parlant : attiré par la lumière d'un lampadaire, il tourne indéfiniment autour, se retrouvant piégé, ce qui génère une rupture de son cycle de vie. À l'inverse, d'autres animaux, comme certains batraciens, sont comme « repoussés » par la lumière : ils doivent donc s'acclimater et changer leur parcours quotidien. Le deuxième phénomène concerne davantage le matériel d'éclairage. La réglementation interdit dorénavant les anciens luminaires (lampadaires boules, par exemple), dont le halo lumineux à 360° provoquait une pollution lumineuse énorme, et préconise donc de poser des lampadaires dont le halo est dirigé uniquement vers le sol, avec un impact de pollution lumineuse moindre.
À Saint-Aubin-des-Bois, rue du Château d'Eau | Des travaux pour limiter l'impact de l'éclairage
La commune a procédé à une requalification des espaces publics de la rue du Château d'eau, comprenant la voirie et les trottoirs, la mare et l'ensemble des espaces piétonniers. Les préconisations de la Trame Noire ont été prises en compte dans cette opération. Ainsi, par exemple, l'éclairage qui auparavant était dirigé vers la mare et gênait la vie aquatique, a été remplacé par un matériel adapté qui génère moins de pollution lumineuse et préserve donc la faune aquatique. La commune a été notamment accompagnée par les services de Chartres métropole, dont la direction du Patrimoine naturel et son Observatoire de la Biodiversité, mais aussi la direction du Cycle de l'Eau et la direction de l'Éclairage public et des réseaux secs.