Chartres, terre de thèses en archéologie
Vie étudiante
-Publié le 13/12/2024
Depuis septembre, C'Chartres Archéologie accueille Audrey Pilon et Lilas Monti, doctorantes à l'École Pratique des Hautes Études (EPHE) et à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Leurs recherches révèlent la façon dont les habitants de Chartres ont géré leurs déchets et leurs morts au cours des siècles.
Un nouveau regard sur « Homo Detritus »
Audrey Pilon, dirigée par William Van Andringa (EPHE), concentre ses recherches sur les déchets produits à Chartres pendant l'Antiquité. Son étude porte sur deux sites majeurs : la Courtille, fouillée entre 2010 et 2012, et l'emplacement de l'actuel cinéma Les Enfants du Paradis, fouillé de 2005 à 2006 puis en 2011.
Ces quartiers d’habitat et d’artisanat antiques sont de précieux témoins des divers rejets de cette période. En étudiant surtout la céramique, un matériau particulièrement abondant à l’époque romaine et durable dans le temps, Audrey a pour objectif de reconstituer les gestes et les pratiques liés à ces rejets, pour mieux identifier les espaces dédiés à cet effet – les poubelles, en quelque sorte.
Sa méthode de travail passe par l’identification des traces sur la céramique et par la répartition spatiale de celle-ci lors de la fouille, notamment grâce à l’étape du collage (restitution et collage des tessons de céramique entre eux) quand cela est possible. En comparant ses résultats avec ceux obtenus sur la nécropole de Porta Nocera à Pompéi, où Audrey se rend occasionnellement, elle souhaite également mettre en évidence les spécificités de la gestion des déchets des différents sites étudiés.
Étudier la cohabitation entre les vivants et les morts
Lilas Monti travaille de son côté sous la direction d’Anne Nissen (Université Paris 1) et de Mark Guillon (Université de Bordeaux), en co-encadrement avec Émilie Portat (Université Paris 1). Elle s'intéresse au rapport aux morts et aux pratiques funéraires à Chartres entre le Ve et le XIIIe siècle. Plus précisément, Lilas cherche à comprendre comment l'espace urbain s'articulait avec les lieux d'inhumation et comment les vivants cohabitaient avec les morts. Pour cela, elle étudie les sépultures du site de la Courtille et du site rue du Bourgneuf, fouillé entre 2016 et 2017, et qui a constitué, entre le VIe et XVIIe siècle, un cimetière ecclésial.
Son étude est très large : encadrement religieux, âge des défunts, proximité ou non des corps inhumés entre eux, position géographique des inhumations dans la ville… Tous ces facteurs sont pris en compte pour dresser l’état de la « gestion » des défunts au Moyen Âge. Pour arriver à cela, Lila adopte une démarche pluridisciplinaire, en combinant l'anthropobiologie, l'archéologie, l'histoire et la géographie.
Enrichir les connaissances
En croisant leurs recherches, ces deux jeunes chercheuses contribuent à enrichir nos connaissances sur l'histoire de Chartres et à mieux comprendre les habitudes des habitants de la ville au cours des siècles. Leurs travaux offrent également de passionnantes perspectives de réflexion sur des enjeux finalement très contemporains, comme la gestion des déchets et les méthodes funéraires, grâce aux nombreuses évolutions observées au cours des époques.