Luisant, c'est toute une histoire
Territoire
-Publié le 22/11/2024
Chaque mois, focus sur une commune de l’agglomération, en suivant l’ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire de… Luisant !
L'église Saint-Laumer
Propriété de l'abbaye voisine de Saint-Martin-au-Val, l'église a été entièrement reconstruite et agrandie au cours du XVIe siècle (1536/38 pour l'essentiel des travaux) à la place d'un sanctuaire déjà ruiné. Le portail principal, en forme d'ogive, provient de ce bâtiment plus ancien, ce que confirme la restauration en cours de la façade, opération soutenue par la Fondation du Patrimoine. L'édifice adopte un plan de nef unique, aux larges fenêtres, terminée par un chœur à trois pans.
La prairie de Luisant, patrimoine naturel et zone Natura 2000
Ce secteur du Plan vert de Chartres métropole possède une qualité écologique remarquable. Une prairie humide y occupe le fond de vallée, jouant un rôle d’éponge lors des crues. Les espaces herbeux/marécageux servent de support à un biotope remarquable : insectes diversifiés, frayères de poissons, nichoirs d’oiseaux, abris de mammifères. On peut y voir hérons, faisans et chevreuils. Les équipes de Chartres métropole y procèdent à un entretien raisonné, selon les pratiques traditionnelles, nécessaire pour éviter la colonisation par des espèces invasives : pâturage des chevaux, fauchage et broyage sur place... Les arbres têtards (élagués au-dessus de la trogne), dont les troncs abritent des cavités, sont aussi des réservoirs de biodiversité. Le réseau européen Natura 2000 a labellisé cet espace de 35 hectares en raison de la rareté et de la fragilité des espèces sauvages.
Zooms
Les intéressants vitraux ont été réalisés à deux époques. Le colonel Chavaudret, apparenté à la famille luisantaise des Doublet de Boisthibault, a offert les trois fenêtres du chœur (1877-1881) qui mettent en valeur la Vierge ainsi que saints Pierre et Agathe, prénom de sa femme. Les huit vitraux des ateliers Lorin (1929-1933), belles réalisations Art déco, reprennent les principales scènes de l'enfance de Jésus. L'un d'eux, plus original, est un hommage aux soldats défunts de la première guerre mondiale. Un poilu mourant y est allongé.
Les charpentes et la voûte en bardeaux. Les entraits de chêne datent aussi du XVIe siècle. On y voit sculptés des animaux et des entrelacs végétaux. La voûte en bois était entièrement peinte de motifs ornementaux bruns sur fond clair, les planchettes d'origine étant mieux conservées dans le chœur. Elle a été restaurée en 1749, 1861 (par l'équipe qui travaillait à la crypte de la cathédrale) et 1999.
L'ancien tramway
Difficile d'imaginer qu'un tramway sur rails traversait autrefois la ville de Luisant, où une gare occupait l'emplacement de la mairie. Cette ligne Chartres-Bonneval, créée en 1899, continua à fonctionner jusqu'en 1932. Elle empruntait les actuelles avenues Maunoury et de la République. Au croisement du Val de la Cavée, l'avenue passe sur un beau pont en pierre des années 1830.
Mémoire(s) : les Maunoury, une lignée de politiques d'envergure nationale
Voilà une famille luisantaise où l'on cultive l'engagement public sur la durée. Pol (pour Hyppolite) Maunoury est avocat à la cour d'appel et opposant au Second Empire. Député d'Eure-et- Loir élu à trois reprises (1876-1889), il est à la chambre une des figures de la gauche républicaine. Maurice Maunoury, son fils, est un député influent (1910-1924), appelé aux fonctions de ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Poincaré (1922-1924). Maurice Bourgès-Maunoury, petit-fils du précédent, polytechnicien et compagnon de la Libération, est l'un des visages de la IVe république : député apparenté au parti radical (1946-1958), il exerce de nombreuses fonctions ministérielles (Finances, Défense Nationale, Intérieur) jusqu'à être nommé président du Conseil (nous dirions aujourd'hui premier ministre) en 1957. Actif dans la politique algérienne et soutien de la France à Israël, il est aussi l'homme qui fait ratifier le Traité de Rome, instaurant la Communauté Économique Européenne.
Tradition : les statues de l'église
Deux statues polychromes, d'un style identique et datant des premières décennies du XVIe siècle, se font face dans l'église. L'un des deux blasons a été identifié en 2024 comme celui du chanoine Pierre Plumé, premier imprimeur de Chartres. Saint Vincent (nom que l'on retrouve dans un quartier de Luisant) était le patron des vignerons, actifs dans cette paroisse, où les archives mentionnent de nombreux clos : ils l'imploraient en prévision des aléas climatiques. Saint Gilles était prié – touché - pour être délivré de toutes les peurs (qu'on qualifierait aujourd'hui de psychoses, schizophrénies et troubles paranoïaques), dernière étape d'un rituel à trois étapes qui commençait avec saint Arnoult (des Bois) et saint Loup.
Mais aussi...
Plusieurs maisons bourgeoises avenue Maurice-Maunoury (v. 1875-1914) forment un ensemble homogène, qui s'appuie notamment sur l'alternance de couleurs des briques. Les graffs de la rocade (2007-2024) sont visibles depuis l'itinéraire du Plan vert, aux limites avec Barjouville. Véritables fresques, dont certaines déjà recouvertes par les plus récentes, elles sont une des meilleures manifestations de street-art dans l'agglo.
Le bas-relief de la mairie (1960), dû au sculpteur Marc- Edmond Jacquin, est une évocation des travailleurs des champs.