Lucé, c'est toute une histoire
Territoire
-Publié le 23/10/2024
Chaque mois, focus sur une commune de l’agglomération, en suivant l’ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire de… Lucé !
L'église Saint-Pantaléon
Propriété des moines chartrains de Saint-Jean-en-Vallée, elle est édifiée au bord d’une ancienne route antique. Ses parties remarquables, réalisées en pierre de Berchères, remontent au milieu du XIIe siècle, époque de transition entre art roman et art gothique : le choeur, rythmé par des contreforts et surmonté d’une corniche à modillons, présente cinq fenêtres identiques dont trois dans la charmante abside circulaire. De la même période, on retrouve côté sud une petite porte latérale avec décor. La nef actuelle ainsi que son clocher datent du XVIe siècle. L’édifice a été restauré après la seconde guerre mondiale.
Les anciens hameaux
Lucé a considérablement changé au XXe siècle. Lorsqu’en 1836 l’ancienne paroisse de Lucé (re)devient commune indépendante, elle ne compte que 414 habitants. Au cours des années 1950-1970, la construction de grands ensembles collectifs et de lotissements pavillonnaires porte en une génération la population à 18 796 âmes (recensement de 1990). De rares lucéens, âgés aujourd’hui de 80 ou 90 ans, se souviennent encore d’un village où l’on se rendait « à travers champs » de sa maison à celle de ses camarades, ambiance que l’on retrouve sur des cartes postales de la belle époque. À l’origine, Lucé n’avait pas la forme d’un bourg mais était constitué de cinq hameaux ruraux isolés : le Petit Lucé (le long de la rue de la République), le Grand Lucé (légèrement plus au sud), les Barres (non loin de l’église), les Granges et Poiffonds (plus éloignés de Chartres). Noyées dans la densification du tissu urbain, un observateur très attentif pourra repérer des maisons en briques (vers 1900) ainsi que quelques fermettes basses aux murs de bauge un peu penchés, recouverts de crépis. Une dizaine de maisons (dont quatre aux Barres) semblent dater du XVIIIe siècle.
Zooms
Huit chapiteaux du choeur sont finement sculptés de motifs végétaux, notamment des feuilles d’acanthe. Si quelques-uns sont des restitutions du XXe siècle, on retrouve dans ceux conservés des détails très ressemblants au portail royal de la cathédrale, chef-d’oeuvre dont on sait qu’il a été réalisé vers 1140-45.
Les vitraux : les fenêtres du choeur et des chapelles, réalisées par Gabriel Loire entre 1951 et 1954, sont un bel exemple de la technique de la dalle de verre. On y trouve deux compositions abstraites, saint Pantaléon, la Vierge et deux compositions originales inspirées des textes évangéliques, aux formes puissantes et aux couleurs contrastées.
L'aqueduc gallo-romain
Cette canalisation longue de 29 km captait le cours de l’Eure au niveau de Landelles et desservait la ville antique de Chartres. Les études qui datent cet ouvrage du IIe/IIIe siècle ap. J.C. émettent l’hypothèse qu’il était déjà abandonné au IVe siècle. La semelle, édifiée en béton étanche, y délimite un écoulement de 60 cm de large. Les parois maçonnées sont encore en partie conservées en sous-sol. L’aqueduc traversait l’ensemble du territoire communal, sous le parking Intermarché, la résidence François Foreau et le long de la rue du Maréchal-Leclerc, où l’on peut d’ailleurs l’identifier par prospection électromagnétique.
Mémoire(s) : les morts de la Seconde Guerre Mondiale
Lucé a payé un lourd tribut à la guerre, l’un des plus dramatiques du département. La commune est – fait exceptionnel – décorée de croix de guerre 39-45. Le monument aux morts joint à l’analyse précise des archives permet de mieux comprendre l’origine des décès : quatre membres actifs de la Résistance morts en opération, dix-neuf victimes civiles issues des bombardements qui ont visé les installations militaires et les convois ferroviaires, deux prisonniers de guerre, deux réquisitionnés du Service du Travail Obligatoire et deux déportés vers les camps de concentration : l’un pour ses opinions politiques et l’autre pour ses origines juives. Souvenons-nous !
Tradition : une étonnante diversité culturelle
Dans les quartiers de Lucé (ainsi le Vieux Puits), les savoir- faire traditionnels (à la fois artisanaux, musicaux et culinaires) sont aussi liés aux origines (très) variées de leurs habitants : Maghreb, Liban, Soudan, Congo, Comores, Laos ... L’une des communautés les plus actives et qui tient à garder vivace certains usages (repas de fête, récits des anciens) est celle des Mandingues dont les membres, qui partagent une langue véhiculaire commune, viennent de Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Guinée et Sénégal.
Mais aussi...
L’ancienne école-mairie (vers 1900) accueille aujourd’hui le conservatoire de musique et d’art dramatique.
L’arsenal, désaffecté, abritait le chariot-pompe des soldats du feu. Non loin, une pompe est encore visible.
La mare de Poiffonds est la seule survivante des anciennes mares.